Vous entrez dans le blog de Maxence Thuly , vous y trouverez des dessins et des textes , le plus souvent le texte se rapporte au dessin et le dessin au texte ...
Ca y est , j’ai vendu mon atelier et la bâtisse dont il était une dépendance . Je ne serais plus que le garçon de 13 ans qui fabriquait des Solex à injection de méthanol , qui coudait les pipes d admission pour monter des Dell Orto 24 sur des moteurs Minarelli . Je vais devoir placer mes prototypes et vendre presque tous mes Solex . Je vais oublier l’odeur de l’essence et de l’huile de ricin et ne plus attraper la maladie des ongles noirs .
Château Thierry , l’Aisne avec ses brouillards , ici pour un mariage qui démarre à 16h , je rentre dans une brasserie pour déjeuner . Ma commande passée , le sosie du président Pompidou entre avec son fils dans le restaurant , la serveuse lui demande : « voulez vous un apéritif ? » Il réponds , oui un Orangina . Je me pince , serait ce un come back en 1970 ?
Dans le métro en direction de « République » , mes voisins ,deux noirs sont en train de changer de T shirts , ils échanges leur T shirts de marques contre des T shirts sales et déchirés , probablement pour aller travailler . Après être sorti de République , je prend le boulevard du temple et les retrouvent en train de faire la manche . Donc ils se déguisent pour paraître plus pitoyables . Est-ce que la mendicité est permise à Bamako ?
Je viens d’arriver sur le plateau et les derniers rayons du soleil vont disparaître à l’horizon des hauts plateaux . Enfin le silence et tous ses petits bruits familiers , les cloches des vaches , le cri d’un gypaète qui fait écho à l’aboiement d’un chien improbable . Tous ces petits bruits du silence pour échapper à l’agression sonore des moteurs et des klaxons
Me revoici à New York , encore une fois la société « Mac Entire » qui m’emploie a décidé de me faire passer le printemps dans Big Apple .Le long des allées de central Park , les crochus , les violettes et les pervenches réveillent le gris du ciel par des touches de mauve .Pour aller de mon Studio aux bureaux , à l’ouest de Manhattan , j’emprunte la 29 éme avenue , dans celle-ci , je longe pendant un kilomètre toutes les vitrines de grands magasins de type H-M ou Weston .
Dans ses vitrines les mannequins de plastiques sont encore emmitouflées dans leur fourrure d’hiver, jouant à se lancer des boules de neige polystyrène et se déplaçant en raquettes . Comme chaque jour , je suis à la bourre , j’ai eu le temps d’acheter 4 doonuts chez mon dealer habituel et je courre en mangeant ….
A l’angle de Columbus , mon regard traîne sur les vitrines , quand un mannequin Auburn me fait un clin d’œil , interpellé , je fais demi tour et je la vois , elle porte un jean passé mitigé brun et un pull fuschia , pas de doute , je la connais déjà .
Les souvenirs déboulent : parfum de passion mélangés à de multiples petits bonheurs ..
Je redémarre de peur que la fille du printemps redevienne la fille de l’hiver …
Tu as toujours revendiqué ta fragilité , j’ai peur qu’elle soit relative après le SMS sentence que je viens de recevoir . Rendez vous impératif à 14 h .Mon cœur tape « Toum Ta » , que vas-tu encore inviter pour m’humilier ?
J arrive à son bureau , et d’emblée elle me dit : « je pars avec une copine, tu es trop fatigant , j’en ai marre de te mettre de la crème solaire , moi je n’en ai pas besoin » Nous avions réservé pour 15 jours à Ste Maxime et me voici complètement détruit , finalement j’étais le plus fragile .
J’ai attrapé un coup de soleil , pas comme dans la chanson de Richard Cocciante . C’est un vrai coup de soleil , de surcroit sur ma poitrine , je n’aurais pas du faire du mono kini . Seule sous les tropiques , il ne reste plus qu’à trouver une âme charitable pour m’appliquer de la crème adoucissante .
Plein de souvenirs viennent de partir en fumée , l’endroit où nous faisions du Sand board avec mes enfants . La plage encore lagune où j’emmenais mais copines . La plage de la Salie où je surfais avec mes copains Laurent et Baptiste le shapeur . Le parfum de la wax à la fraise a été remplacé par un parfum de pins brulé . Il parait que le maire écolo de la teste a refusé avec l’appui de la ministre pompilli le plan de prévention des forestiers car il faut laisser la forêt tranquille pour la biodiversité . Tous les animaux ont grillés et une quantité énorme de CO² s’est retrouvée dans l’atmosphère . Tout va bien .
Deux ans après , me voici de nouveau à Deauville , la façade baroque du Normandy , m’invite à y entrer , derrière le bar , toutes les bouteilles attendent patiemment le soir pour faire la fête .
On me sert un grand expresso , sa mousse devient une infusion de souvenirs .
Le reflet de la mer bleue dans tes yeux . Le gout de sable de ta peau et aussi l’enveloppe sur la table de notre nid d’amour devenu un nid vide d’un claquement de tes doigts .